Semaine 12 : Cap vers Tarifa via le Sud de l'Andalousie
- 5a6roues
- 7 déc. 2017
- 4 min de lecture
Notre semaine démarre à Ayamonte, ville côtière du Sud de l'Espagne, frontalière avec le Portugal. A vol d'oiseaux, ça ne semble pas bien loin de Tarifa, ville où nous comptons prendre un ferry pour rejoindre le Maroc. Mais, c'est sans compter sur le parc national de Donana et sur le delta du Guadalquivir qui rendent la côte inaccessible en vélo (ni route, ni piste). Il nous faut remonter vers le Nord pratiquement jusqu'à Séville pour franchir le fleuve sur un antique bac ... près d'une semaine à travers la campagne Andalouse pour rejoindre Tarifa ... semaine qui passera bien vite puisque nous serons bien accompagnés, traverserons une belle région et ferons de chouettes rencontres.
Bien accompagné ...
Jean-Philippe, notre ami cyclo-voyageur de Perpignan roule toute la semaine à nos côtés pour notre plus grand plaisir. Jean-Philippe est un cyclo voyageur aguerri (il a notamment traversé l’Amérique du Sud en vélo l'année dernière). C'est un chef pour cuisiner de bons petits plats relevés au réchaud. Il nous donne même envie de nous y mettre. Ça y est, nous avons du gingembre et des épices dans nos sacoches ! Nous avons par ailleurs avec Jean-Philippe de nombreuses conversations en selle qui agrémentent la route. Il n'hésite pas en plus à nous donner un petit coup de main : pousser un vélo dans un raidillon, capter l'attention d'un des 2 garçons lorsqu'ils s'agacent mutuellement. Jean-Philippe est par ailleurs d'un optimiste à toute épreuve ! Parfait pour ce type de voyage où nous sommes confrontés à de nombreux imprévus. Enfin, pour ceux qui étaient inquiets sur le sort de nos 3 enfants pendant ce voyage … Jean-Philippe veille sur nous … il a travaillé toute sa carrière en tant qu'éducateur dans la protection de l'enfance … il n'hésitera pas à rédiger un rapport détaillé sur ces bourreaux de parents qui font pédaler leurs enfants toute la journée, et qui les font dormir sous la tente avec des températures à peine positives:-) !!!
La belle Andalouse,
Nous nous retrouvons en Espagne dans un paysage de lagunes qui rappelle sensiblement ceux que l'on vient de quitter au Portugal. Mais rapidement, le paysage devient plus vallonné. Après avoir à nouveau roulés au milieu des serres de fraisiers et de framboisiers, nous pédalons au milieu des vergers d'agrumes, des plaqueminiers (qui produisent les kakis!) et même d'agaves. Difficile de résister à la tentation de cueillir quelques fruits ! L'occasion ne se présente que rarement de toute façon car toutes les parcelles sont entourées de clôtures infranchissables, avec, en prime, souvent un ou deux molosses qui y montent la garde. On va donc continuer à acheter sagement nos fruits chez les commerçants. Mais il ne sera pas évident non plus de trouver des coins de bivouacs où planter notre tente quand des kilomètres durant nous roulons sur une route entre deux rangées de barbelés...
Nous voyons apparaître les premiers villages blancs, si typiques de l'Andalousie, perchés sur les collines, depuis lesquelles on aperçoit la mer.
Après les collines aux agrumes, nous rejoignons une zone de plaine où l'on découvre l'importance des cultures de coton et également de riz dans la région. Rizières que nous aurons d'ailleurs au départ du mal à distinguer de champs inondés par l’orage de la nuit précédente (orage qui nous aura au passage trempé). Au milieu des rizières, nous avons l'impression de pédaler sur l'eau au milieu des centaines de cigognes venues se nourrir de petit crabes qui vivent dans cet environnement aussi humide qu'une mangrove. Nous nous plaisons tellement au milieu de ce paysage atypique, que nous décidons d'y planter la tente pour la nuit. Nous admirons le coucher de soleil magnifique sur cette nature si sauvage, et nous nous mettons vite au chaud sous la tente car un vent frais se lève.
Les rencontres
Notre première rencontre andalouse aura lieu sur notre bivouac de rêve au milieu des rizières. C'est le garde de l'exploitation qui débarque la nuit tombée avec son gros 4x4 pour nous demander gentiment mais fermement de quitter les lieux. Il fait nuit, les enfants sont au chaud sous la tente, et on se voit difficilement reprendre la route au milieu des rizières dans ces conditions. C'est pourtant ce que nous devrons faire faute de négociation possible. Après un démontage de tente express, nous débarquons donc dans le village voisin en espérant planter notre tente dans le parc qui jouxte l'église. Les habitants de Vetaherrado, nous voyant débarquer avec nos trois enfants de nuit ,nous offrent le gîte pour la nuit au chaud dans un école du village.
Le jour suivant, après un bivouac au milieu d'un village, la gérante du bar voisin vient à notre rencontre pour nous inviter à prendre un petit déjeuner au chaud chez elle. On appréciera d'autant plus que la nuit a à nouveau été fraîche avec des températures proches de zéro.
Tarifa, la ventée !!
Notre arrivée à Tarifa nous ravive de vieux souvenirs d'ado ... à l'époque où nous lisions planche mag' ! C'est en effet un spot réputé de windsurfs (et maintenant aussi de kite) ! Cette réputation n'est pas usurpée … Plus de 70 km/h de vent pendant 2 jours. Nous admirons les véliplanchistes qui effectuent des « loops » et autres figures sous nos yeux, mais nous sommes vite « saoulés » par ce vent qui souffle sans cesse, balaye le sable qui vient nous fouetter les mollets et fait danse notre tente toute la nuit !
La ville fait face à la côte marocaine et les influences maghrébines se font déjà sentir : ancienne ville entourée de remparts, ruelles blanches très étroites, maisons construites autour de patios et grandes terrasses sur les toits.
Ça y est, nous sommes prêts pour embraquer sur un ferry en direction de Tanger pour la suite des aventures sur le continent africain.