Semaine 13 : Salam Alekum ... Bienvenue au Maroc
- 5a6roues
- 14 déc. 2017
- 5 min de lecture
Après 50 min de ferry pour traverser le détroit de Gibraltar, nous arrivons à Tanger, sur la côte Nord Ouest du Maroc. Depuis notre départ, c'est notre première frontière matérialisée par un poste de police. Nous le quitterons rapidement avec un tampon sur chaque passeport après avoir déclaré que nous n'avions pas de drones (visiblement ce n'est pas apprécié …). Nous passons par une banque pour avoir quelques dirhams en poche et nous voilà prêts à rouler sur le continent africain !
La route entre Tanger et Rabat
Nous quittons Tanger par la route de la corniche avec la mer d'un côté et les remparts de la ville de l'autre. La fin de l'agglomération de Tanger nous donne une impression bizarre avec une ville nouvelle fantôme sortie de terre mais pour la majeure partie non achevée et inhabitée. Mais nous arrivons rapidement sur une route secondaire côtière avec des paysages vallonnés aux couleurs contrastées : le vert des prairies, le marron foncé des terres labourées, le bleu de l'océan à l'ouest et un dégradé de gris des montagnes du Rif à l'est. Les terres semblent fertiles mais les techniques agricoles restent archaïques : charrue tirée par des chevaux, semis à la volée, désherbage à la main. Nous croisons sur la route autant de voitures, que de scooters triporteurs venus tout droit de Chine (de marques «Yamasuki », « Lymco », « Jagouars »), que de charrettes tirées par des ânes, mulets ou chevaux. Les traversées de villages sont joyeuses avec sans cesse des salutations « Salam Alekum, bienvenue au Maroc » et parfois joueuses quand les groupes d'enfants courent derrière nos vélos, voire s'agrippent à nos montures au risque de nous déstabiliser.
Une des premières étapes sera la ville de Assilah où nous arpentons la belle médina aux maisons blanches et bleues et aux peintures contemporaines qui ornent les murs de la ville.
Nous traversons par la suite une région plus plate, avec des forets d’eucalyptus puis de chênes liège. Nous nous apercevrons que les Marocains sont friands des glands qu'ils mangent comme des noisettes. Des bergers (parfois très jeunes), qui gardent leur troupeau de moutons ou de chèvres, sortent de partout et nulle part. Certaines zones boisées sont malheureusement encore des décharges à ciel ouvert où s'accumulent déchets agricoles et ménagers.
Arrivés à Moulay Bousselham, ville côtière, le long d'une réserve naturelle sur la plus importante zone humide du Maroc, nous admirons avec la lumière du matin le balai des barques de pécheurs qui quittent le port et le calme de la lagune pour se diriger vers l'océan agité. La lagune abrite de nombreux oiseaux migrateurs dont notamment d'innombrables cigognes, encore plus nombreuses ici qu'en Espagne et au Portugal.
Nous continuons de longer la côte en direction de Rabat et traversons une région avec moins de relief où nous roulons au milieu des champs de blé, riz, betteraves à sucre puis progressivement des serres de fruits (beaucoup de fraisiers, des bananiers). Nous arrivons à Rabat (en provenance de Salé) par un pont qui surplombe la rivière du Bouregreg et nous offre un premier panorama de la ville de Rabat : mausolée Mohammed V, tour Hassan, Kasbah des Oudayas ...
Visite de Rabat
Rabat est un endroit où nous souhaitions nous arrêter parce que la ville en vaut la peine, mais aussi et surtout parce que c'est là que Raphaëlle a passé quelques années de son enfance. Entre souvenirs d'enfance et envie de faire connaître cette ville aux enfants, un stop était donc nécessaire. On trouve un petit appartement dans le quartier central des Orangers, mais les trombes d'eau qui tombent sans discontinuer le lendemain de notre arrivée nous obligent à rester au sec la majeure partie de la journée et de remette notre visite de la ville à la fin d'après-midi et soirée. On découvrira donc à la nuit tombée la Kasbah des Oudayas aux multiples ruelles blanches et bleues et la vieilles médina avec ses artisans (cuir, bois, tissu, bijoux). On aura heureusement le temps d'y repasser le lendemain matin, sous le soleil, avant de nous remettre en route vers Mohammedia / Casablanca en longeant l'océan, impressionnant de bruit et de puissance.
Malgré ce court séjour, nous avons eu le temps d'apprécier le charme et le calme de Rabat, capitale du pays mais à taille très humaine.
« L'aventure, celle qui laisse des traces à l’âme » (Marc Thiercelin)
Nous sommes au Maroc depuis une semaine seulement, mais nous savons déjà que ce sera une étape de notre voyage qui ne laissera aucun de nous indifférent. Le dépaysement est fort après l'Espagne et le Portugal pour les enfants. Les garçons sont observateurs, curieux. Beaucoup d'interrogations de leur part sur tous les personnes non véhiculées qui marchent le long des routes, sur les enfants seuls dans les champs, sur les routes …
Les infrastructures sont moins développées qu'en Europe, ce qui rend nos conditions de voyage plus rustiques. Les routes secondaires sont parfois asphaltées, parfois pas, souvent partiellement avec un ruban goudronné parsemé de nids de poules qui nous obligent à d'incessants slaloms. Pour nos nuits, les campings se font rares et si ces derniers sont a minima gardiennés, les prestations y sont variables (toilette, douche) et la propreté aussi …
Par contre, les expériences que nous vivons sont uniques et inoubliables.
A Moulay, les pécheurs n'hésitent pas à nous interpeller et nous proposer pour quelques dirhams de traverser la lagune avec notre chargement sur deux barques de pécheurs. Nous avions pris l'habitude des ferrys et bacs mais là, notre convoi maritime prend des airs de "boat people" surchargé. Nous ne demandons pas s'il y a des gilets de sauvetage ou des fusées de détresse … car nous connaissons la réponse … Nous espérons juste qu'aucune de nos sacoches ( et nos enfants non plus) ne passent à l'eau !
Dès notre deuxième nuit marocaine, nous serons accueillis par Saïd à qui nous avons demandé si il était possible de planter notre tente sur sa ferme. Il nous ouvre grand sa porte et nous offre pour la nuit un toit et de quoi dormir. La ferme est sans eau courante ni électricité. L'eau est puisée au puit et l'éclairage se fait grâce à des lampes sur butagaz. Saïd nous retrouve dès notre réveil avec du thé à la menthe, du pain, une omelette, des olives et des crêpes en guise de petit déjeuner. Nos échanges sont rudimentaires car il ne parle que quelques mots de français et nous quelques mots d'Arabe.
Dans un registre différent, c'est Brahim, au volant de sa voiture, qui nous fait signe au bord de la route en sortant de Rabat et nous propose spontanément de le rejoindre chez lui d'ici une heure, à 20km de là, pour manger un couscous. Cet ancien fonctionnaire du ministère de l'intérieur nous accueille avec sa compagne dans sa résidence secondaire, en front de mer, et nous passons deux heures à échanger sur leurs histoires respectives et le sens de nos vies. Des discussions qui resteront longtemps dans nos mémoires.
Et puis c'est aussi les nombreuses discussions que nous avons au bord de la route avec des marchands ambulants, des chauffeurs, des paysans ou ouvriers qui rentrent chez eux. Toujours accueillants et pleins de bonnes intentions pour nous et les enfants.
En route, désormais vers Casablanca où nous prévoyons de retrouver les Breining, famille d'amis français expatriés au Maroc.