25ème semaine : La Calabre ... entre Sicile et Pouilles … Transition !
- 5a6roues
- 15 mars 2018
- 4 min de lecture
Le détroit de Messine sépare la Sicile de l'Italie. Homère y faisait allusion dans l'Odyssée d'Ulysse : entre le gouffre de Charybde côté sicilien et la grotte de Scilla côté Italien. Large de 3 km, nous le traversons en une vingtaine de minutes, sans rencontrer (bien heureusement) autant de déboires qu'Ulysse en son temps. Nous arrivons en quelques coups de pédales dans la fameuse (et belle) baie de Scilla, qui fait face à la Sicile et d'où l'on peut encore admirer l'Etna et son panache de fumée.
Après trois semaines en Sicile, nous voici de retour sur le continent, avec l'envie de rejoindre les Pouilles, région dont on nous vante depuis longtemps la beauté. Entre les deux, il y a la Calabre à l'extrême sud de la "botte", région qui nous est jusqu'ici totalement inconnue et dans laquelle nous avons un peu de mal à « rentrer » :
- Une météo qui ne nous épargne toujours pas : Nous nous faisons littéralement baptiser par les eaux dès notre arrivée en Calabre par des déluges qui nous obligent à nous arrêter 24h à Scilla pour une remise au sec. Quelques jours plus tard, nous évacuons notre tente en pleine nuit … cette fois-ci ce sont des bourrasques de vent (à près de 80 km/h) qui font gîter notre tente comme un voilier au mouillage en pleine tempête. Nous replantons notre tente quelques mètres plus loin à l’abri d'un mur qui nous protège du vent.
- Des dénivelés de grimpeurs chevronnés : Les premiers kilomètres sur la côte nord ouest sont … raides ! Accrochés à des montagnes plongeant directement dans la mer, les premiers villages se méritent : interminables montées (600 m de dénivelé positif) avant de redescendre sur la mer … pour mieux recommencer sur le vallon suivant. Nous découvrons que la Calabre est une région montagneuse (avec des sommets enneigés) et que les vallées sont étroites et ravinées.
- Un code de la route dur à décoder : Ligne blanche symbolique, dépassement à trois voitures de front sur deux voies, téléphone au volant, enfants debouts sur les sièges passagers. Le nombre de monuments mortuaires qui ornent le bord des routes ne nous rassurent pas … mais ne semble pas suffisant pour changer les comportements des automobilistes ...
- Les femmes au bord des routes : Mayeul, fin observateur, s'étonne de voire autant de femmes qui attendent au bord de la route (ndlr : que des clients s'arrêtent:-/)
- Des décharges sauvages toujours trop présentes.
Ces désagréments/difficultés faisaient partie pour la majeure partie de notre quotidien en Sicile. Ils nous pèsent d’avantages ces derniers jours. Probablement parce que nous avons dû mal à nous y habituer … vraisemblablement aussi parce que nous avions plus d'échappatoires en Sicile : plus de petites routes secondaires agréables, plus de paysages ou villages grandioses pour nous permettre d'oublier le reste.
Ceci ne nous empêche pas de passer de la côte nord-ouest de la botte (sur la mer Tyrrhénienne) à l'autre côté de la pointe de la botte au sud-ouest (sur la mer Ionienne) pour remonter ensuite vers Tarente au Sud des Pouilles. Les paysages sont dans la continuité de ce que nous avons vu sur la côte Sud de la Sicile : vallons couverts d'agrumes et d'oliviers, longue plage de sable battue par le vent. A noter : les premiers amandiers et cerisiers en fleurs … le printemps approche !
Par ailleurs, c'est à Marcellinara que nous faisons une très belle rencontre. Jean-Claude, membre warmshower (réseau d'échanges d 'hébergements entre cyclistes), nous a donné rendez-vous sur la plage du village en fin de journée. Nous arrivons plus tôt que prévu dans le village et décidons d'attendre Jean-Claude dans un café. Nous y croisons de nombreux habitants qui tour à tour viennent à notre rencontre, intrigués, curieux et surtout généreux puisqu'ils nous offrent cafés et diverses friandises. Mise en bouche prometteuse !! Jean-Claude nous y retrouve et nous conduit chez Isabella sa maman (qui a une maison plus adaptée à notre famille nombreuse). Nous dînons tous les 7 dans la cuisine d'Isabella (saucisses locales et pasta !) et passons une nuit tout confort dans des lits. Isabella et Jean-Claude sont tous deux francophones (ils ont habité 6 ans près de Roubaix) ce qui nous permet d'avoir de nombreux échanges sur le vélo, le voyage mais aussi la Calabre et plus généralement l'Italie. Quel accueil, quelle générosité ! Nous repartons même les bras chargés de cadeaux. Ça nous fait réfléchir sur notre capacité d'ouverture aux autres dans notre quotidien parisien. Jean-Claude nous retrouve encore le lendemain sur la route pour nous présenter son fils que nous n'avions pas pu voir la veille.
On fête aussi nos 6 000 km !! avec un passage au stand obligé suite à des problèmes mécaniques : roulements de la remorque HS puis casses successives d'un, puis deux, puis 3 rayons sur la roue arrière du Pino avec en prime un roue bien voilée.
Une semaine de transition un peu dure ... mais marquée par une très belle rencontre ... et les Pouilles nous ouvrent maintenant les bras !