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Semaine 28 : l'Albanie déconcertante !

Nous arrivons à Durres en Albanie après une nuit de ferry. Nous ne sommes pas mécontents d'être dans la cabine d'un ferry cette nuit là (plutôt que sous la tente) car le vent souffle et la pluie est ininterrompue. Heureusement que nous sommes allongés sur nos couchettes car ça tangue fort ... Hauts les cœurs !

Durres est la 2nde plus grande ville du pays (après Tirana la capitale) et l'une des stations balnéaires les plus renommées. Et pourtant … notre arrivée sur le sol albanais est « dépaysante » (et c'est un euphémisme), déconcertante, déroutante !

1ères impressions albanaises

Nous sommes d'abord impressionnés par la pauvreté … près de chez nous, en Europe, aux portes de l'UE … Les exemples ne manquent pas :

  • Il y a des containers à poubelles dans toutes les villes (plus qu'en Sicile!) et des chiffonniers qui font le « tri sélectif » dans chacune d'elles.

  • Les plaques d'égouts dans les villes sont souvent absentes (volées??) et laissent des trous béants dans la chaussée … rarement signalisés.

  • L’ossature de nombreuses maisons est prévue sur plusieurs étages mais seul l'un d'entre eux (rez de chaussé ou 1er étage) est finalisé (cloisons, fenêtres). Ce n'est pas pour cela que les autres étages ne sont pas meublés et habités.

  • En ville, les chiens errants se sont appropriés chaque pâté de maisons. Heureusement ils ne nous impressionnent pas tellement car ils semblent peu vaillants … En montagne, par contre, Jean-Ba gagnera un duel musclé contre 2 chiens de bergers qui nous barraient la route en montrant leurs crocs.

  • Les fermes sont des exploitations vivrières … 1 à 5 vaches … 10 à 20 chèvres et/ou moutons … 5 bottes de 3 poireaux ou 5 bouteilles d'huile d'olive (dans des bouteilles d'eau minérale recyclées) à vendre sur les seuils des maisons, quelques litres de lait dans des sacs plastiques transparents sur le bord de la route attendant la collecte.

Même si certains faciès sont marqués par la dureté de la vie et si parfois les plus âgés semblent avoir vieilli trop vite ... les albanais sont très souriants, accueillants, généreux. Nos hôtes nous offrent un toit pour la nuit, agrémentent notre dîner de quelques mets locaux, nous servent un café et … le raki au petit déjeuner !

On est surpris par ailleurs d'entendre l'appel à la prière du muezzin. La 1ère religion du pays est l'islam (sunnites) largement devant les orthodoxes et les catholiques. Les religions semblent co-habiter de manière paisible si on on se fie aux minarets et aux quelques clochers qui se font face dans les villes ou aux échanges que nous avons eu dans un café sur le sujet où la propriétaire nous énumère la religion de chaque personnes à la tablée avant une grande accolade collective !

Ça reste une société d'hommes … les hommes sont dans la rue, dans les cafés, dans les salles de jeux (domino, billards), dans les salles de paris sportifs. Les femmes ? À la maison … il faut passer le seuil des habitations pour les rencontrer … un peu moins en montagne où on les aperçoit dans les pâtures au milieu des troupeaux.

L'économie visible (restons modestes) semble tourner autour :

  • des voitures : innombrables « lavazh », albanian car wash , qui fleurissent partout. Il suffit d'avoir un point d'eau et un karsher pour ouvrir son business et entretenir les innombrables vieilles mercedes, marque de voitures par excellence dans le pays.

  • des cafés et restaurants (souvent tenus par une famille) au rez de chaussée de la maison

Enfin la campagne est jonchée de bunkers et de monuments aux airs soviétiques nous rappelant l'histoire moderne du pays. L'Albanie est demeurée sur le joug d'une dictature mêlant marxisme rigoureux et culte de la personnalité de son dirigeant unique (Enver Hoxha). Ce dernier a isolé le pays du reste du monde pendant un demi-siècle, jusqu'au début des années quatre-vingt-dix.

Les routes nous ont usés, les magnifiques paysages nous ont consolés et les albanais réconfortés

L'Albanie est un pays montagneux … et l'itinéraire que nous avons choisi a été beaucoup plus dur que ce que nous avions imaginé … nous demandant un engagement physique jusqu'alors inégalé … Un peu l'impression de porter notre croix en cette Semaine Sainte !

Notre objectif est de descendre plein Sud vers la frontière avec la Grèce. Nous avons choisi une route qui quitte le littoral pour sortir des axes principaux, découvrir les coins plus retirés et nous éviter un col à plus de 1000 mètres sur le littoral. Notre calcul a été juste pour les 2 premiers aspects mais probablement pas pour le dernier. Il s'avère que la route secondaire s'est transformée en 100 km de pistes, plutôt roulantes sur les 1ers kilomètres, puis nids de poules incessants pour finir en apothéose par des cols autour de 600 mètres d'altitude sur des chemins de montagne où seuls les mules, quad et 4x4 assurent les liaisons entre les villages. Nous avons pédalé dur, les garçons ont marché sur de nombreux kilomètres à côté de nos montures pour les alléger, nous avons nous-même posés souvent les pieds à terre pour pousser nos vélos dans des raidillons puis les freiner dans des descentes infernales. Bref, on a serré les dents mais relevés le défi après 3 jours de bataille.

Les paysages ont été à la hauteur du défi ! Malgré l'altitude modeste (600 mètres) et la distance toute relative du littoral (30 km), les paysages, qui se sont offerts à nous, sont dignes des vallées alpines bien plus élevées : vallée encaissée au fond de laquelle coule une rivière déchaînée aux eaux claires, col aux pieds des monts enneigés, puis descente raide et sinueuse sur la mer.

Les albanais rencontrés en chemin (bergers dans les pâtures en bord de route et les quelques habitants des villages traversés) nous ont fait part de leur stupéfaction, nous ont mimé que nous étions fous, ont juré que notre traversée était impossible en vélo ou nous ont surnommé « les alpinistes en vélo » ! Tous ont été aussi d'un accueil et d'une générosité incroyables, nous offrant un toit (ou la place pour notre tente sur la place du village …), du café, des crêpes, des gâteaux … du raki et encore du raki ... jusqu'à frictionner les enfants pour les réchauffer !

Nous sommes contents d'avoir vécu cette expérience incroyable .. qui restera vraisemblablement un souvenir exceptionnel du voyage même si à court terme cela va nous demander un peu de récupération physique et nos vélos aussi ... d'ailleurs ... qui ont pas mal souffert (plus de freins arrières sur les 2 tandems / une chaîne en fin de course pour la recyclette).

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